Faut-il supprimer les élections législatives ?

Donner la voix au peuple en recourant au référendum. La démarche questionne. Les articles 11 et
89 de la Constitution sont-ils les seuls leviers ouverts au peuple afin de prendre part aux décisions
qui le concernent ? La rhétorique est populiste et intellectuellement simpliste. Certaines questions
qui portent sur nos principes de gouvernement mêmes relèvent d’une telle exceptionnalité
qu’elles justifient d’y consacrer un grand moment démocratique, précédé du grand débat qui sous-
tend tout vote. Le référendum est vertueux pour sa capacité de mobilisation de toute la nation
sur ces questions extraordinaires.
Il ne faut néanmoins pas se méprendre sur l’outil et dériver sur les vagues de la facilité et de la
négation de nos principes démocratiques. L’utilisation abusive du référendum nie la légitimité de
nos parlementaires. Ces derniers sont élus par le corps électoral lors des élections législatives. Le
peuple s’exprime à cette occasion pour déléguer son pouvoir aux personnes qu’il estime dignes
d’assumer cette tâche. Utiliser le référendum pour « redonner la voix aux Français » consiste ainsi
paradoxalement à refuser la voix que les français ont déjà donnée lors de cette votation.
Supprimons-la donc si elle est inutile.
Quelles sont les vertus de la démocratie indirecte ? Celle-ci permet le développement de
points de vue spécialisés, sur des sujets qui relèvent d’un degré de technicité nécessaire au
bon fonctionnement de notre pays. Le quatrième alinéa de tel article peut apporter un détail,
insignifiant au premier abord, lourd de conséquences en réalité pour la société. Et seuls des
parlementaires avertis et informés peuvent le défendre ou le combattre comme il se doit. Nous,
citoyens, méritons qu’il en soit ainsi. Et parce que les députés sont des élus tant nationaux que
locaux, cette spécialisation n’entraine pas, sauf mépris ou manquement de nos parlementaires, de
rupture avec les réalités quotidiennes et localisées. Pour tous, la fin du mandat et l’élection qui
s’en suit fera office d’examen. Seuls les plus satisfaisants resteront.
Si la technocratie seule présente l’inconvénient d’être élitiste, la technophobie ne mène que
vers des manquements préjudiciables. La délégation du pouvoir est une bonne chose. Sa
légitimité vient de ses résultats acquis depuis deux siècles en France. Tous les citoyens n’ont
malheureusement pas le temps de se consacrer à l’administration de la Cité, autant que le
mandat l’exige. La démocratie ne peut fonctionner que dans un environnement créateur de
richesse, économique et sociale. Or, la journée de travail, les satisfactions et les soucis qu’elle
implique, ne permet physiquement pas de consacrer un temps suffisant à la politique. Nous
critiquons suffisamment le cumul des mandats, en ce qu’il conduit à ne pas accorder l’intégrité
de son temps à une mission déjà très lourde, pour exiger de nos compatriotes, dont ceux qui
occupent les postes les plus pénibles, de développer une expertise sur toutes les questions que
soulève la société jour après jour. C’est pour cela que la vraie exigence démocratique est d’allier
spécialisation du pouvoir et ouverture sur la société. Il s’agit certes la voie la plus compliquée à
exprimer, mettre en place, expliciter, mais c’est parallèlement la plus vertueuse. Elle garantit les
droits, et contrairement à ce que les discours simplistes peuvent colporter, conduit à davantage de
clarté et de transparence. Quel autre enjeu pour la démocratie réelle sinon celui des droits et de la
clarté ?
Il demeure vrai cependant, que l’expression du peuple ne peut se limiter au temps de l’élection.
C’est une exigence nouvelle et bénéfique pour les démocraties modernes. Ne pas développer
une expertise n’interdit pas la prise de position, l’opinion, et l’expression de celle-ci. Comment
dès lors diffuser plus largement le pouvoir de décision, d’influence et l’exigence de connaissance
et d’information ? La démocratie locale et participative est la solution. Ah ! Il est vrai qu’elle
demande d’innover, de construire de nouvelles structures de concertation et de décision. Mais
le renoncement n’est pas permis. La décentralisation, la localisation de nombreux enjeux qui
relèvent d’échelles moins larges que le territoire national tout entier, est une première étape. Le
développement des conseils de quartier, lieux de réels échanges entre élus et citoyens, répond à
cette exigence. Cette pratique nouvelle n’est pas encore assez implantée. Les élus mêmes doivent
assimiler cette nouveauté dans leurs mandats. Leurs comportements doivent pour beaucoup
changer pour apparaître plus à l’écoute. Nous devons donc redoubler de prudence et d’exigence
à l’égard de nos élus. Ils sont à notre service. A ce seul titre, ils se doivent d’accéder à cette
demande.
Plus concrètement, ne choisissons-nous pas de faire confiance au médecin face à la maladie ?
Nous ne sommes pas en mesure de prendre seuls nos décisions parce que nous ne maitrisons pas
suffisamment le sujet pour garantir à coup sûr seuls notre sécurité. Cela ne retire absolument pas
au médecin le devoir de nous informer, de prendre en compte nos attentes, de nous expliquer
les ressorts du fonctionnement de notre organisme. Nous suivons bien souvent les prescriptions,
parce que nous avons confiance en son point de vue, celui de quelqu’un qui consacre son temps à
l’étude du corps humain. Nous pouvons cependant, essentiellement dans des situations plus
graves, prendre une décision, mais avant, nous attendons d’avoir été mis en situation de faire un
choix souverain ET éclairé.
Le principe du référendum n’est pas à bannir. Mais son usage ne sert que trop souvent les sirènes
populistes. L’outil est intéressant, mais trop insatisfaisant pour la démocratie et le citoyen s’il est
galvaudé. Le refuser, ce n’est pas avoir peur du peuple, c’est refuser que ce dernier soit
instrumentalisé. Faisons le choix exigeant de la transparence, de l’information, de la proximité.
Achevons et clarifions la démocratie locale et participative, exigeons toujours plus de nos élus, et
maintenons les élections législatives.
Timothée L.

Faut-il supprimer les élections législatives ?
Donner la voix au peuple en recourant au référendum. La démarche questionne. Les articles 11 et89 de la Constitution sont-ils les seuls leviers ouverts au peuple afin de prendre part aux décisionsqui le concernent ? La rhétorique est populiste et intellectuellement simpliste. Certaines questionsqui portent sur nos principes de gouvernement mêmes relèvent d’une telle exceptionnalitéqu’elles justifient d’y consacrer un grand moment démocratique, précédé du grand débat qui sous-tend tout vote. Le référendum est vertueux pour sa capacité de mobilisation de toute la nationsur ces questions extraordinaires.
Il ne faut néanmoins pas se méprendre sur l’outil et dériver sur les vagues de la facilité et de lanégation de nos principes démocratiques. L’utilisation abusive du référendum nie la légitimité denos parlementaires. Ces derniers sont élus par le corps électoral lors des élections législatives. Lepeuple s’exprime à cette occasion pour déléguer son pouvoir aux personnes qu’il estime dignesd’assumer cette tâche. Utiliser le référendum pour « redonner la voix aux Français » consiste ainsiparadoxalement à refuser la voix que les français ont déjà donnée lors de cette votation.Supprimons-la donc si elle est inutile.
Quelles sont les vertus de la démocratie indirecte ? Celle-ci permet le développement depoints de vue spécialisés, sur des sujets qui relèvent d’un degré de technicité nécessaire aubon fonctionnement de notre pays. Le quatrième alinéa de tel article peut apporter un détail,insignifiant au premier abord, lourd de conséquences en réalité pour la société. Et seuls desparlementaires avertis et informés peuvent le défendre ou le combattre comme il se doit. Nous,citoyens, méritons qu’il en soit ainsi. Et parce que les députés sont des élus tant nationaux quelocaux, cette spécialisation n’entraine pas, sauf mépris ou manquement de nos parlementaires, derupture avec les réalités quotidiennes et localisées. Pour tous, la fin du mandat et l’élection quis’en suit fera office d’examen. Seuls les plus satisfaisants resteront.
Si la technocratie seule présente l’inconvénient d’être élitiste, la technophobie ne mène quevers des manquements préjudiciables. La délégation du pouvoir est une bonne chose. Salégitimité vient de ses résultats acquis depuis deux siècles en France. Tous les citoyens n’ontmalheureusement pas le temps de se consacrer à l’administration de la Cité, autant que lemandat l’exige. La démocratie ne peut fonctionner que dans un environnement créateur derichesse, économique et sociale. Or, la journée de travail, les satisfactions et les soucis qu’elleimplique, ne permet physiquement pas de consacrer un temps suffisant à la politique. Nouscritiquons suffisamment le cumul des mandats, en ce qu’il conduit à ne pas accorder l’intégritéde son temps à une mission déjà très lourde, pour exiger de nos compatriotes, dont ceux quioccupent les postes les plus pénibles, de développer une expertise sur toutes les questions quesoulève la société jour après jour. C’est pour cela que la vraie exigence démocratique est d’allierspécialisation du pouvoir et ouverture sur la société. Il s’agit certes la voie la plus compliquée àexprimer, mettre en place, expliciter, mais c’est parallèlement la plus vertueuse. Elle garantit lesdroits, et contrairement à ce que les discours simplistes peuvent colporter, conduit à davantage declarté et de transparence. Quel autre enjeu pour la démocratie réelle sinon celui des droits et de laclarté ?
Il demeure vrai cependant, que l’expression du peuple ne peut se limiter au temps de l’élection.C’est une exigence nouvelle et bénéfique pour les démocraties modernes. Ne pas développerune expertise n’interdit pas la prise de position, l’opinion, et l’expression de celle-ci. Commentdès lors diffuser plus largement le pouvoir de décision, d’influence et l’exigence de connaissanceet d’information ? La démocratie locale et participative est la solution. Ah ! Il est vrai qu’elledemande d’innover, de construire de nouvelles structures de concertation et de décision. Mais
le renoncement n’est pas permis. La décentralisation, la localisation de nombreux enjeux quirelèvent d’échelles moins larges que le territoire national tout entier, est une première étape. Ledéveloppement des conseils de quartier, lieux de réels échanges entre élus et citoyens, répond àcette exigence. Cette pratique nouvelle n’est pas encore assez implantée. Les élus mêmes doiventassimiler cette nouveauté dans leurs mandats. Leurs comportements doivent pour beaucoupchanger pour apparaître plus à l’écoute. Nous devons donc redoubler de prudence et d’exigenceà l’égard de nos élus. Ils sont à notre service. A ce seul titre, ils se doivent d’accéder à cettedemande.
Plus concrètement, ne choisissons-nous pas de faire confiance au médecin face à la maladie ?Nous ne sommes pas en mesure de prendre seuls nos décisions parce que nous ne maitrisons passuffisamment le sujet pour garantir à coup sûr seuls notre sécurité. Cela ne retire absolument pasau médecin le devoir de nous informer, de prendre en compte nos attentes, de nous expliquerles ressorts du fonctionnement de notre organisme. Nous suivons bien souvent les prescriptions,parce que nous avons confiance en son point de vue, celui de quelqu’un qui consacre son temps àl’étude du corps humain. Nous pouvons cependant, essentiellement dans des situations plusgraves, prendre une décision, mais avant, nous attendons d’avoir été mis en situation de faire unchoix souverain ET éclairé.
Le principe du référendum n’est pas à bannir. Mais son usage ne sert que trop souvent les sirènespopulistes. L’outil est intéressant, mais trop insatisfaisant pour la démocratie et le citoyen s’il estgalvaudé. Le refuser, ce n’est pas avoir peur du peuple, c’est refuser que ce dernier soitinstrumentalisé. Faisons le choix exigeant de la transparence, de l’information, de la proximité.Achevons et clarifions la démocratie locale et participative, exigeons toujours plus de nos élus, etmaintenons les élections législatives.
Timothée L.

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