Sarkozy, des paroles et … des paroles

Mardi soir dans l’émission de France 2 « Des paroles et des actes », le président-candidat

s’est essayé à un exercice périlleux, celui de se justifier devant les Français de 5 années

d’égarements et de dérives. Au passage, il en a profité pour éviter de rendre compte d’un bilan

dont il est en effet bien difficile de tirer le moindre profit.

Sur la forme, son intervention aurait pu paraître attendrissante, si on ne le connaissait

aussi bien. On peut tout au moins reconnaître l’audace dont il a fait preuve, une qualité qu’on

peut difficilement lui contester. Venir expliquer aux Français que la victoire de 2007 fêtée au

Fouquet’s, ou que le séjour sur le yacht de Vincent Bolloré quelques jours plus tard, relevaient

de turpitudes personnelles – à savoir un couple à la dérive – il fallait oser !

D’une part, une telle justification manque de crédibilité et de sincérité, et les Français

pourront apprécier la considération qui leur est ainsi accordée. D’autre part, cela démontre

la dangereuse confusion entre vie privée et vie publique dont Nicolas Sarkozy est un adepte

Une telle manipulation de l’opinion est pour le moins choquante, pour ne pas dire révoltante.

En voulant donner l’image d’un homme apaisé, faisant son mea culpa en reconnaissant les

erreurs de son quinquennat, le candidat-président a adopté une position défensive qu’on ne

lui connaissait guère, s’essayant à un ton mielleux, qui sonne faux. Ce jeu de dupes ne prend

pas et ne contribue pas à élever le débat de l’élection présidentielle au niveau attendu par les

A n’en pas douter cette médiocre mise en scène ne vise qu’à masquer l’absence

patente de fonds et de propositions d’un président rejeté par une majorité de Français,

qu’il traite avec le plus grand mépris. On a beau chercher un programme global, cohérent,

ambitieux, à même de répondre aux défis de notre pays, on est effaré de trouver les mêmes

cibles qu’en 2007, traitées avec la même légèreté, se résumant à une stigmatisation simpliste

des étrangers et des chômeurs.

N’ayant que le mot de « crise » à la bouche, qui lui sert à justifier toutes les régressions, le

candidat UMP n’hésite pas non plus à employer un discours digne de l’extrême-droite. Faute

d’avoir su faire reculer le chômage comme il s’y était engagé, il nous refait le coup de nous

présenter les immigrés comme LE problème à résoudre. Et quand le journaliste François

Langlais évoque les performances du modèle allemand, le candidat-président s’engouffre

dans la brèche, occultant le travail de sape de l’Etat-providence mené outre-Rhin depuis une

dizaine d’années au nom de la sacro-sainte compétitivité économique.

Dans ces conditions, on ne peut s’étonner que son programme – à supposer qu’il y en est

un – ne se résume qu’à de vagues propositions agrémentées d’un chiffrage approximatif et

Et tout compte fait, la forme rejoint le fonds pour nous offrir un spectacle peu digne

d’un Chef de l’Etat. Après 5 années de mandat présidentiel, il ne faut pas manquer de

courage, Monsieur Sarkozy, pour feindre de découvrir que de grandes entreprises françaises

ne s’acquittent d’aucun impôt en France, et pratiquent allègrement l’optimisation fiscale.

Au terme de cette désagréable berceuse avec laquelle Nicolas Sarkozy a tenté de nous

endormir, on est donc en droit de se demander où se trouvait le candidat-président ces

5 dernières années ? Il est vrai qu’on l’a aperçu au salon de l’agriculture, où il n’a pas

caché son manque de sang froid et la vulgarité de ses propos avec son fameux « Casse toi

pov’ con ». On l’a également retrouvé auprès de pêcheurs excédés, où il semblait prêt à en

découdre dans un mano à la mano quand il fut interpellé à cette occasion.

Finalement, on pourrait se demander si Nicolas Sarkozy n’a pas été réellement métamorphosé

par de telles épreuves, lui qui désormais confesse que de telles attitudes ne relèvent pas d’une

posture présidentielle. Décidément, Nicolas Sarkozy n’est vraiment pas à son aise dans le

costume de président : cela va beaucoup trop à l’encontre de sa véritable nature. Alors, face à

cet évident paradoxe, nous ne voyons qu’une seule solution : les 22 avril et 6 mai prochains,

participons à son émancipation et faisons enfin le choix d’un président normal ! Le choix de François HOLLANDE, le choix du CHANGEMENT !

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